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Mes débuts dans le monde de la mode - E2 : de la Fédération du prêt à porter à l'entrepreneuriat

Dernière mise à jour : 5 mai 2020

Voici la suite de mes aventures parisiennes en tant que salariée et mes débuts d'entrepreneure. Dans le précédent article, je vous racontais mon premier emploi au sein d'une marque de mode et comment j'ai ensuite rejoint la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin. C'est donc mi-janvier 2012 que j'intégrais l'équipe du service international en devenant l'assistante de la directrice.


Introduction et présentation de la Fédération


Pour ceux qui ne connaitraient pas la Fédération, elle voit le jour en 1929 sous le nom de Fédération du vêtement et évolue à travers les décennies. A ce jour, elle a pour mission de rassembler, de représenter les entreprises de mode et d'accélérer leur croissance en mettant en oeuvre des actions innovantes en France et à l’international.


Au sein du service international, l'équipe est principalement chargée de développer les relations commerciales sur les marchés matures et d'identifier les opportunités de croissance dans des pays à fort potentiel en accompagnant les entreprises françaises à l’export. Pour y parvenir, la Fédération organise des salons, des missions de prospection et des pavillons français en fonction des marchés prioritaires et des objectifs attendus. Elle gère également un plan annuel de subventions qui permet aux marques de mode d’être présentes sur les salons internationaux majeurs.


Le travail de ma boss s'est révélé passionnant. Elle accompagnait les entreprises françaises sur de nombreux salons et missions export à travers le monde : Japon, Chine, Russie, Ukraine... Je rêvais de partir avec elle un jour, alors que je l'aidais à organiser ses voyages. Mon poste étant tout nouveau, j'étais d'une certaine façon en train de le créer sur mesure en proposant des actions en fonction des besoins que j'identifiais au fur et à mesure.


En parallèle, je m'intéressais beaucoup au service Entreprises qui propose un accompagnement spécifique pour les marques émergentes et créatives. J'échangeais régulièrement avec la responsable du service qui me partageait son expérience avec les jeunes marques.



Mon expérience au sein de la Fédération


Durant mes presque deux années à la Fédération, j'ai eu des missions variées :

- faire la veille des marchés internationaux en créant des dossiers et en préparant notamment des fiches pays

- accompagner ma responsable lors de ses rendez-vous avec des marques lors des salons en France ou directement à la Fédération

- traiter les demandes de subvention des entreprises envoyées à l'organisme le DEFI

- participer à l'organisation de petits déjeuners ou tables rondes sur des thématiques relatives à l'export dédiés aux entreprises

- assister à l'accueil de délégations principalement chinoises

- présenter la Fédération lors du salon Who's Next

- assister la directrice au quotidien

- proposer des nouvelles idées de projets


Parallèlement à mon travail avec la directrice du service international, j'étais aussi l'assistante ponctuelle du Président Jean Pierre Mocho. Ainsi quand sa secrétaire était en congé, je la remplaçais et j'avais donc la chance de pouvoir travailler directement avec lui. Il me sollicitait aussi pour certains rendez-vous et me remettait parfois des invitations pour des événements auxquels il ne pouvait pas se rendre notamment le lancement de la nouvelle formule du magazine Stiletto. C'était vraiment un privilège de pouvoir être son assistante, car il me partageait son expérience, sa vision de la mode et ses objectifs pour développer l'industrie.


Monsieur Mocho a un parcours incroyable. La mode a toujours fait partie de sa vie. Ses parents ont ouvert une société de fabrication Jean Pierre Sport dont il a repris la direction dans les années 70. Il devient alors fabricant licencié de grandes marques haute couture, créateur et prêt-à-porter.

A cette époque, il a travaillé notamment avec la maison Carven et habillé la majorité des compagnies aériennes du golfe. Il contribue à la naissance des créateurs et à l’exploitation des licences françaises. Une partie des résultats de son entreprise, réalisés grâce à la production des uniformes, a été réinvestie pour aider le développement d’une trentaine de créateurs et marques de couture sous licence tels que Balenciaga, Michel Goma, Sonia Rykiel, Carven, Céline, Anne-Marie Beretta, Diamant Noir, Elisabeth de Senneville…

En1996, il crée une nouvelle société en charge de la fabrication des uniformes d’Air France et de ceux des vendeuses de Louis Vuitton et de Bally. En 1999, il devient directeur général de Dior Lingerie pendant deux ans. De 2000 à 2013 il est président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin et président de l’Union de l’habillement durant six ans. Il est aussi fondateur et président pendant 10 ans de l’école de mode Mod’spé Paris.


Durant son passage à la Fédération, il met sur pied La Maison du Prêt à Porter afin de créer un organisme qui puisse fédérer toutes les institutions du secteur de la mode. En effet, chaque secteur à sa fédération (cuir et maroquinerie, prêt à porter masculin, prêt à porter enfant...). Son objectif était de créer une entité forte qui puisse représenter l'ensemble de l'industrie. Pour y parvenir, il rassemble au sein d'un comité stratégique des pointures de l'industrie de la Mode. J'ai eu la chance de participer à plusieurs réunions organisées par la Maison questionnant le futur de l'industrie textile, c'était passionnant. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'assister à une rencontre en présence du Président du comité de pilotage de la Maison, Pierre Bergé, l’ancien dirigeant de la société Yves Saint-Laurent.

Pierre Bergé et Jean Pierre Mocho
Pierre Bergé et Jean Pierre Mocho

Cette expérience au sein de la Fédération m'a permise de prendre conscience de l'ensemble des enjeux ayant trait à l'industrie et de côtoyer toutes sortes de publics.


Mes tentatives d'intrapreneuriat


A cette période, l'eco-responsabilité n'était pas encore une des problématiques prioritaires de l'industrie. De plus, l'espace dédié aux marques eco-responsables avait disparu quand le salon Prêt à Porter Paris a été racheté par Who's Next. Forte de mon expérience aux Etats-Unis, j'ai proposé d'organiser un espace pour des créateurs eco-responsables au sein du salon MemyMode créé par Mariel Gamboa, fondatrice du fameux salon Tranoï, en partenariat avec la Fédération. Malheureusement, le partenariat n'a pas pu se faire, mais Mariel a tout de même organisé cet espace de son côté.


J'ai aussi réfléchi à la mise en place d'un projet de stand partagé, inspiré par mon expérience avec Now Showcase, qui soit proposé aux jeunes marques souhaitant participer à des salons à l'export tout en recevant la subvention.


Mes idées étaient bien sûr appréciées, mais n'étaient pas forcément prioritaires, surtout que lors de ma deuxième année au sein de la Fédération, nous arrivions à la fin du mandat de M. Mocho. J'ai très vite compris que pour faire avancer un projet au sein de la Fédération ça prenait beaucoup de temps et qu'il y avait de nombreux enjeux politiques.


J'ai poursuivi en parallèle ma collaboration avec Eileen en l'assistant notamment lors du salon Modefabriek à Amsterdam en juin 2012. Une fois de plus, elle organisait un stand partagé pour plusieurs créateurs au sein de l'espace eco-friendly MINT.


En parallèle, mon désir d'entreprendre s'est intensifié quand j'ai débuté mon travail à la Fédération. En effet, chaque jours alors que j'effectuais ma veille quotidienne en lisant les articles dans le Fashion Mag (ancien nom de Fashion Network) et le Journal du Textile, je tombais sur des articles traitant de la mode eco-responsable. En assistant aux différentes réunions, en me rendant sur les salons, en échangeant avec les marques, de plus en plus d'idées germaient dans mon esprit.

Je commençais à imaginer un projet très ambitieux, un nouveau concept de magasin du futur qui réunirait exclusivement des produits eco-responsables (mode, design, accessoires) tout en alliant le cross-canal (vente en ligne et vente en magasin physique), le social et l'art. Je notais mes idées sur un papier et me demandait comment mettre tout ça en place sans argent et sans réseau... De plus, ne parvenant pas à faire aboutir mes propositions en interne, je commençais à m'impatienter, car j'avais vraiment le souhait de mettre en oeuvre des initiatives pour développer la mode eco-responsable et la jeune création.



Mes premiers pas dans l'entrepreneuriat


Au bout de six mois, je rencontrais ma future associée lors d'un cours de danse, un soir, après le travail. Ce n'est qu'après deux mois que nous avons commencé à discuter de notre envie d'entreprendre. Un jour, on s'est retrouvé et on a partagé nos idées de projets. J'ai apporté le classeur que j'avais commencé à constituer regroupant tous les articles que j'avais collectés et je lui ai exposé ma vision notée sur un document. Elle m'a partagé aussi ce qu'elle imaginait développer à l'époque. Il s'agissait d'un projet relatif à la personnalisation vestimentaire en ligne. On a décidé de combiner nos idées et de lancer l'étude de marché. Le projet de l'entreprise s'est naturellement orienté principalement vers la mode éco-responsable, car c'était l'axe de départ le plus concret, porteur et réaliste à mettre en place.


C'est ainsi que j'ai commencé à mener une double vie entre salariat et entrepreneuriat. La journée j'étais la salariée modèle travaillant sur les dossiers qu'on lui confiait, le soir et le week-end je vivais ma deuxième vie. Ce mode de vie a duré un an entre le moment où on a débuté l'étude de marché et le lancement du premier pop up store de N&C STORIES en septembre 2013.

Pendant cette année très riche, je me suis nourrie de ce que je vivais à la Fédération pour enrichir et ajuster mon projet. Ainsi, en l'espace d'une année nous avons trouvé le nom du concept (N&C STORIES = les histoires Nature et Chic), réalisé de nombreux rendez-vous avec des marques et des entrepreneures, visité des salons, réalisé un business plan, obtenu un prêt bancaire, lancé un blog tout en travaillant sur l'organisation du premier pop up store et en préparant notre future vie d'entrepreneure à temps plein.


J'ai eu l'honneur d'être soutenu dans mon projet par Muriel Piaser rencontrée à NYC (cf. mes aventures américaines). Devenu consultante indépendante en Global Fashion après la revente des salons, le bureau de Muriel se trouvait au sein des locaux de la Fédération. Ayant conservé une bonne relation après mon retour des Etats-Unis, nous étions ravies de nous retrouver à travailler au même endroit. Etant une experte de la mode reconnue à l'international, recevoir son avis sur le concept de N&C STORIES était essentiel. Elle nous a donné un avis très constructif trouvant le concept mode et intéressant. Convaincue par le projet, elle a même accepté d'être la marraine du projet ! On était trop contente !


Muriel Piaser, mon associée et moi

Ma prise d'envol pour devenir exclusivement entrepreneure


Il a fallu annoncer à ma boss que je créais ma société, car j'avais pour objectif de demander une rupture conventionnelle. Je souhaitais me lancer à 100% dans le projet sans me rendre compte véritablement de ce qui m'attendait. La décision étant indépendante de sa volonté, elle a préparé le terrain auprès du président pour que je puisse lui présenter mon projet. Lui de son côté, il préparait son potentiel départ en vue des élections. Il m'a reçu lors d'un entretien durant lequel je lui ai exposé mon projet. Au départ, je me souviens, il n'était pas très emballé et a même dit à une de mes collègues que le rendez-vous ne durerait que 10 minutes. Finalement, c'est au bout d'une heure que j'ai quitté son bureau ravie de notre échange très constructif et avec son accord pour la rupture conventionnelle. Cependant, des difficultés se sont présentées par la suite.


Une fois les élections passées, le nouveau président ne voulait pas m'accorder une rupture conventionnelle, il voulait que je démissionne. Il a fallu que ma chef lui parle et qu'il ait la garantie que ma rupture ne coûte rien à la Fédération. Je suis donc partie avec l'indemnisation minimale qu'on puisse recevoir.

Ensuite, pendant l'été, le courrier est arrivé à la mauvaise adresse, la comptable a du renvoyer le document. Finalement, ce n'est que quelques jours avant l'organisation du petit déjeuner presse présentant le concept de N&C STORIES que j'ai finalement pu quitter la Fédération et me lancer corps et âme dans cette nouvelle aventure.

Je me suis sentie libérée en quittant le monde du salariat dans lequel je ne parvenais pas à m'épanouir, bien que l'ambiance de travail et mes collègues étaient très agréables. Je n'étais tout simplement pas faites pour le salariat.


J'allais découvrir les années suivantes que l'entrepreneuriat est loin d'être un long fleuve tranquille...

Dans le prochain épisode, vous découvrirez le développement de ma première entreprise N&C STORIES.


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